Alors. On s'est tous retrouvé à Villeroux (où les haricots à la graisse de confit arrosés de Cahors sont excellents !), et j'ai rencontré à cette occasion quelques tronches nouvelles. Un breton à l'accent bizarre, un rital libidineux à l'accent tout aussi bizarre, et deux intellos qui ne posaient pas forcément de problème d'accent mais dont le vocabulaire demeurait quand même un peu obscur...
On a été mandés par le châtré épiscopal local pour "redresser" un petit baron qui délaissait ses terres au profit du brigandage et des charmes soyeux d'une donzelle du Languedoc. Pas que je le critique, hein, moi la gestion des terres, ça me me les secouerait menu, et j'aime autant détrousser quelques bourgeois pansus. Je la comprends, la ribaude, avec ses envies d'en découdre avec la noblesse pomponnée, la bourgeoisie grasse comme un ortolan et l'église baveuse de foutre et de dîmes. Les autres ont beaucoup bavé de sorcellerie, d'accord, et de jugement divin, pourquoi pas. Du coup, la dame s'est jetée par la fenêtre, sans doute pour échapper à la torture et au bûcher. Jugement divin, mes fesses. A moins que Dieu ne préfère faire justice lui-même qu'en confier le soin à un douteux prélat, même galonné ?
Et out ça, signe des temps, mâtiné de rumeurs alléguées de Réforme et de trahison envers le Roi. Pffff. Pas que les conflits me gênent, je peux au moins louer ma rapière au plus offrant, ça rapporte plus que quand je truandais les grands chemins. Pour ce que j'en sais, le Roi et ses lèche-bottes blasonnés paient bien, tandis que Dieu est un ladre avec des oursins dans sa bourse. Pour le reste, je m'en branle. Tant que j'aurais de quoi m'offrir un bon pichet et me remplir la panse, les théologiens pourront bien s'étriper.
Tiens, il fait beau, je vais me boire un bon pichet de Cahors à la mémoire de cette dame. Après tout, fougueuse, manipulatrice, retorse et sans scrupule, voilà bien mon type de garce. Quitte à y laisser la peau de mes roustons.