Tu nous avais déjà expliqué cela et c'est assez convainquant. Les samurai de la période edo ont commencé à rêver voir mythifier leur propre passé, inventant des traditions séculaires là où en réalité, pendant le Sengoku Jidai, les bushi n'étaient guère différents des troupes un peu rustres de nos propres contrées. Chez nous aussi, au XIXe siècle, ont à chercher à revaloriser voir réinventer le passé en fonction des besoins du présent et au service d'une cause ou suite à un traumatisme national. Par exemple, Vercingetorix, pourtant défait est valoriser au XIXe siècle comme un symbole "national" positif et glorieux.
C'est le même principe chez nous pour notre bon vieux chevalier en full plate. Le serment, l'adoubement et tout le cérémonial est un placage chrétien de l'Église dans sa volonté de contrôler la sphère militaire. Il est évident que les premiers chevaliers du haut MA n'étaient guère différents des hommes d'arme standards (mais à cheval, donc très efficaces et coûteux, donc proches du seigneur). La christologie de l'Église triomphante s'est emparée de ces soldats et à "inventé" tout le rituel qui semble attacher désormais à la chevalerie. Bref, Chrétien de Troyes. Les chroniqueurs de l'époque se sont emparé de l'affaire et ont créé "le chevalier parfait" à la morale forcément chrétienne.
:-)
Par contre. Et le ninjutsu ? Il n'a pas donner lieu à une version sportive, pacifiée et adaptée à nos société non violentes ? Le NinDO existe, comme le judo ?
C'est tout à fait ça. L'exemple le plus frappant c'est l'armure « ancestrale » dans un coin de la maison (Kamiza : la place d'honneur) et qui sert de lieu de vénération, fierté familiale.
Il y a d’ailleurs un documentaire sur la face sombre et réel des samurais, qui montre qu'ils sont humains avant toute chose et opportuniste :
http://www.dailymotion.com/video/x1tna7b_samourai-les-guerriers-du-japon_schoolLe doc par contre ne parle pas des viols et autres joyeusetés des champs de bataille que j'ai pu apprendre ^^, ça reste soft.
Dorénavant je vois le champs de bataille tout à fait différemment suite aux ouvrages auxquels j'ai pu avoir accès, aaaahhh la folie humaine...
Concernant le ninjutsu :
A ma connaissance il n'a pas connu de déviation sportive… par contre il a bien connu des modifications, je m'explique :
1) le NinDô est un non sens et à ma connaissance une faute de grammaire japonaise, mais le terme existe haha !
Crée par qui ? Je vous le donne dans le mille, les SUPAAA GAIJINNN ! Les étrangers, américain surtout, le boom ninja des années 70 a laissé beaucoup de séquelles.
Et en France par un certain Tarik Mesli…
http://fr.wikipedia.org/wiki/NinjutsuTableau très parlant.
Le terme adéquate serait de dire NinPô.
PS : sinon ça existe aussi… dans Naruto
:
http://naruto.wikia.com/wiki/Nind%C5%8D2) Le Ninpô a existé et a été officiellement enseigné par Hatsumi Sensei (détenteur de 9 écoles martiales)
La dénomination était Ninpô Taijutsu, donc tout ce qui est travail du corps dans son ensemble.
Mais au vu de la mentalité occidentale, course au grade, fierté mal placé, blessures et autant le dire, un niveau international très mauvais, Hatsumi Sensei s'est vu transformer cela en Budô Taijutsu.
Version amusante et édulcoré, tout le monde il est beau et vous pouvez vous adonner avec joie à cette pratique qui vous conforte dans vos sentiments.
En faite, il a simplement offert aux gens ce qu'ils recherchaient. Au lieu de faire une introspection et de savoir si ce que l'on fait est juste, cohérent, logique et viable en situation de combat ou de guerre, non on se dit que ce que l'on fait est bien, même très bien, et qu'à partir de là, on veut un grade plus élévé pour rentrer et montrer ça à ses parents, amis et élèves. Et dire qu'on a reçu ce titre, diplôme, d'un grand maître japonais.
Ce qui peut paraître bizarre pour un étranger, c'est qu'un grade, depuis le début d'Edo pouvait être donnée en échange d'argent, c'est une pratique tout à fait normal.
D'autre part quand on donne un grade, ce n'est pas qu'on le mérite, cela sous-entends qu'il faut qu'on travaille très durement pour le valider, c'est comme un ticket d'entrée pour gravir une immense montagne, le diplôme n'est réellement valide que si on a fait l'effort de la montée et d'avoir atteint le sommet.
Ou c'est comme être professeur, on est réellement professeur (d'une matière quelconque) qu'au bout de 10 ans, le temps d'avoir incorporé la psychologie des élèves, etc. L'Xp quoi.
Donc c'est bien une forme de judo finalement sans compétition direct, mais une compétition quand même, la course au plus diplômé.Par contre pour ceux qui s'intéresse réellement au ninjutsu, il reste quelques rares dojos qui enseignent encore les pratiques d'antan, on peux y aller, mais si l'on veut évoluer c'est que sur nous que cela repose, un travail rigoureux est demandé, mais il n'y a que nous même pour nous l'imposer, personne ne le feras pour nous.
On parle quand même de l'art des Shinobi (Ninja), ce n'est pas rien, cela va même au-delà de l'acceptable en terme d'endurance, je ne parle pas que d'endurance physique, mais bien psychologique, savoir se remettre en question constamment, être humble, ne pas vouloir se pavaner, disparaître aux yeux de tous ! C'est ça le ninjutsu aussi, le summum de l'exigence en tout point et sur tout.
L'exemple le plus frappant est Takamatsu Toshitsugu (l'ancien Soké (détenteur d'école, grand maître)), qui était un homme très discret…
(Quand on décortique le kanji Nin, qui forme le mot ninja, on peux voir au dessus la lame et la partie dans dessous le cœur. Le lame qui pointe le cœur, c'est toute une image !
Ce n'est pas seulement : l'homme de l'interstice, l'homme endurant etc.)
Et cela est la même chose pour les quelques rares anciennes écoles hors ninjutsu.
Certaines écoles n'acceptent d'enseigner à personnes, à moins d'avoir fait ses preuves pendants plusieurs années, là l'enseignement commence.
C'est valable aussi pour les écoles de Nô (le fameux théâtre préféré des guerriers), très très exigeante, d'ailleurs le Nô était très lié à l'art du sabre et des mouvement martiaux… mais cela est une autre histoire...
Malheureusement dans le NinDô (j'aime bien finalement, haha ça montre bien que c'est un non sens ^^) beaucoup se leurre, ils devraient faire, comme tout pratiquant de n'importe que art dit martial, remettre en question leur « panier de pommes », dixit Descartes (Discourt de la Méthode), où on abandonne les illusions et donc le vraisemblable pour tester chaque chose que l'on pense connaître et croire pour vrai. Analyse profondément et oublier les chimères pour dire c'est Vrai parce que BA=C.
Par exemple l'on sait que toutes les techniques ancestrales de guerre se basaient sur la ligne droite.
Comment ça la ligne droite ? (j'entends en combat rapproché, sinon il y a bien sûr l'arc en tir en cloche par exemple, pour augmenter la portée)
Quel est le chemin le plus court pour aller sur une cible (A). (exemple : la gorge)
Ma main (B) est le long de mon corps.
Pour atteindre A je trace une ligne (C) direct BA.
On ne monte pas le poing d'abord à la hanche puis on part en direction du visage, cela serait trop visible.
On ne monte pas le poing au niveau de l’épaule puis on part en direction du visage, encore plus visible.
On ajout finalement un trajet inutile.
Direct, où l'outil d'attaque se situe il trace une ligne pur et simple vers la cible.... BROUUHAAHHH missile SOL/SOL !
La ligne droite sera toujours plus courte que la courbe (le crochet, uppercut ou autre dénomination), les vieilles écoles, l'on très bien compris, d'où la posture de profil.
A partir de là on sait qui est sur le chemin de la vérité.
Personnellement je me fous des beaux parleurs, j'aime le concret, donc je regarde une personne (un maître) bouger et je la laisse m'expliquer ou me convaincre, la logique simple en sortira. Pas de pathos que la voie du logos !
D'autre part, la plupart des écoles qui ont été altéré sont repérable par un travail de la hanche excessif et non un travail du corps dans son ensemble. Voir d'un développement antagoniste. (avoir une préférence et un développement exacerbé de sa droite/gauche, au lieu des deux et sans distinction).
Et des blessures qui viennent avec l'âge, un sport de combat ou art martial qui fait qu'à 40, 50, 60 ans tu devient un robot ou tu es cassé de partout, n'est pas une pratique authentique martial.
Car cette dernière était sensé faire d'un homme un guerrier qui avec l'age devenait de plus en plus économe en terme de mouvements (énergie généré et suppression de tout mouvement parasite ou visible), de précision et donc augmenté en efficacité pour devenir un héraut de la Mort.
D'ailleurs quand on lis les écrits, je reste sur Miyamoto Musashi ou Yagyû Munénori, on apprends de leurs propres bouche que c'est vers 50 ans qu'ils ont compris l'essence de l'art ultime… Et ils sont nombreux à dire qu'à partir de cette age, ils ont reçu une « révélation » à force de pratique intense. (dans le sens de l’introspection aussi).
Bien qu'étant jeune (15 à 30 ans) c'étaient déjà des « tueurs » hors pairs.
Voir la vie très intéressante de Tsukara Bokuden par exemple :
http://www.mushinkai.net/pages/french/HistoireDuKarateFrenchSite/Tsukahara_Bokuden.pdfJe terminerais par une citation de nouveau de Ali ibn Talib, que j'aime beaucoup :
« On ne connaît pas la vérité par les hommes, mais connais donc la vérité, et après tu connaîtras ceux qui la suivent »